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Vie pratique

Et si l’on compostait… en Creuse !

Experts en slogans dévastateurs et plein d’auto dérision, les « écolos » de la Creuse en ont vu de toute les couleurs pour imposer le compostage. Partis d’un simple argument politique d’un élu qui ne pensait pas l’être, la surprise de l’élection a voulu que la démarche se mette en route à une allure si rapide que même les associations locales environnementales, non spécialisées sur le compostage, allaient vite être dépassée par les questions précises des habitants. Et puis, il a suffit que deux personnages motivés et quelque peu originaux se rencontrent pour que tout explose !

Le contexte écologique en Creuse

L’élection avait eu lieu. Avec un peu plus de 57% des voix, Mr Aliontez, les Verts, était à la tête de Guéret, la capitale de la Creuse. Son programme était simple, comme celui de la plupart des écologistes : un peu de social, un peu d’économie et beaucoup de bons sentiments sur le développement durable. Sauf que cette fois, la mayonnaise avait pris et un peu vite à son goût !

Sur son programme, « 1 composteur par famille » était un slogan facilement mémorisable et semblait amener des diminutions fracassantes de la taxe sur les ordures ménagères tout en permettant une « Sortie de l’Incinération » en moins de 5 ans, une ouverture d’une usine de méthanisation, une taxation sur les emballages des industries locales et importatrices ainsi qu’un redéploiement des stratégies de consignes sur verre et bois.

« Banco », crièrent les habitants ! « Au secours » pensèrent les dirigeants !

Les Creusois de l’Est, précurseurs écologistes !

En Creuse, il existe une rivalité cachée depuis des générations pour les touristes mais bien évidentes pour les autochtones. Celle ci se passe à la limite entre deux communes : Chambon sur Voueize pour le côté rustique et traditionnel de la région et Evaux les Bains, station thermale hyper cotée, attraction à toutes personnes à la recherche d’un havre de paix et de repos. Evidemment, cette rivalité n’a jamais été bien prise au sérieux par les Creusois du Nord qui assimilaient facilement les deux villes en une seule à cause de la ressemblance entre Chambon et la pièce de charcuterie ici, localement, du (e)veau. Plein d’humour ces creusois.

« Le Chambon d’Evaux, ç’aurait pu être une blague alsacienne ! », Albert Müller

En tout cas, sur le terrain, les choses sont claires. Les offices de tourisme de chacune des villes taisent les informations qu’elles possèdent l’une sur l’autre. Il ne reste, pour le touriste, que cette frontière en dénivelé d’un peu plus de 10 kms pour une pente moyenne de 6.5%. Ainsi, l’écologie y est quelque peu mise à mal. Enfin elle l’était.

Jusqu’à ce que Mr Paul Derbost décide de sortir son compost sous la pluie.

Naissance de l’inspiration « compostage »

« Il pleuvait fort sur la grande route, il cheminait sans parapluie » chante G. Brassens en 1952.

Rien n’était plus vrai en cette après midi là pluvieuse ou Paul Debost, biologiste Chambonnais, décide de sortir son compost pour le mener à quelque pas de là, dans son jardin qu’il se plait à qualifier d’anarchique (sans pour autant avoir consulté les travaux du professeur Albert Müller).

En montant la légère côte qui mène de Chambon à Evaux, Paul note la présence d’un vélo-remorque, légèrement enfoncé dans la boue sur le bas côté. Interpellé il s’approche.Quelle n’est pas sa surprise quand un démon boueux surgit, la pelle à la main, un seau dans l’autre, trempé mais avec un rictus satisfait et se jette sur lui au figuré !

« Il m’a fait une sacré peur le Jojo quand je l’ai vu la première fois ! » se remémore Paul,  » Je me suis dit, encore un fou d’Evaux-les-Bains qui s’est échappé de sa cure de désintox ! »

Sacré surprise pour Joël Butron également quand il s’aperçoit qu’on l’a suivit..

« J’ai cru que c’était la police municipale ! Tout en bleu comme il l’était ! Je me suis déjà fait interpellé pour exhibitionnisme passif, j’avais pas envie de retenter l’expérience ! »

Et c’est avec l’humour que les deux zouaves ont fait connaissances. Et, de fil en aiguille, nait une association de compostage.

Le compostage en action

L’association s’impose très rapidement dans la région. Quand la demande explose, les élus n’ont pas besoin de se faire prier pour financer des projets de sensibilisation à grande envergure. Aujourd’hui, plus de 14 200 composteurs ont été installés, sans compter les plus de 23 500 compost en tas qui sont régulièrement contrôlés par une brigade écologiste du compost  financée par les communautés de communes exaltées par un développement si rapide et intense du compostage.

10 ans plus tard, les statistiques sont éloquentes. Le compostage a permis de sortir plus 3 850 tonnes de déchets par an du système d’incinération ! Bien sûr, ce chiffre prend en compte l’ensemble des composteurs anarchiques dont le nombre exact ne nous est pas connu.

Cet incroyable engouement est un exemple national pour une France encore trop attachée aux valeurs incinératrices et stérilisatrices imposées par les guerres de religion datant de plus de 7 siècles !

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